Curiosités

La généalogie islandaise, un sport national

Les 270 000 Islandais actuels descendent quasiment tous d’un petit groupe de colons arrivés au Xe siècle.

Pour Arni Björnsson, directeur de département d’ethnologie du Musée national de Reykjavik, la passion nationale pour la généalogie trouve sa raison politico-économique : «Du Xe au XIIIe siècle, il n’y avait pas de gouvernement central. Pour établir son droit de propriété sur une terre, il fallait faire la preuve de ses liens avec les premiers colons. Au XIVe siècle, le système politique a changé. Mais savoir qui est parent de qui est resté un sport national.»

L’Islande est le seul pays qui a conservé la coutume norrois qui consiste à faire suivre le prénom, du prénom du père suivi du suffixe -son (fils de) pour les garçons, et -dottir (fille de) pour les filles. Les femmes conservent leur nom lorsqu’elles se marient. L’annuaire ou les listes de noms sont alphabétiquement classés par prénoms. Le 2ème prénom ou les références familiales permettent d’éviter les confusions. Cette homonymie a sans doute contribué à la passion islandaise envers la généalogie.

Nulle part dans le monde, les arbres généalogiques ne sont aussi précis et aussi complets, parfois sur 35 générations !

Article « Les Islandais, tous cousins de Björk ? »
Le Monde - 17/02/2012
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2012/02/17/les-islandais-tous-cousins-de-bjork_1644290_4497319.html

Trouvailles généalogiques

Les recherches sont parfois jalonnées de découvertes étonnantes !

Une ancêtre déclarée de sexe masculin à la naissance …

Au moment de saisir l’épouse d’un ancêtre dans le logiciel de généalogie, un pop-up m’alerte d’un manque de cohérence. Et là je m’aperçois que les conjoints sont tous deux identifiés de sexe masculin à cause des prénoms Louis et Jean. Le mariage entre personnes de même sexe n’est pas encore autorisé en 1845, mais certains prénoms masculins peuvent très bien avoir été attribués à une fille. Cependant, les trois prénoms des conjoints sont masculins : Louis Joseph Isidore D. Épouse Jean Baptiste Célestin S.
Je vais revérifier les états-civils. L’acte de naissance du 14 mars 1815 fait état d’un enfant de sexe masculin. Et l’acte de mariage porte la mention suivante : « l’épouse reconnue comme étant de sexe masculin à sa naissance ».

Note : Si les erreurs de sexe sont effectivement fréquentes dans les actes de naissance, elles sont en revanche très rarement imputables à un sexe irrégulier mais plutôt à une fausse déclaration du père ou à une simple négligence rédactionnelle de l’officier d’état civil. Ainsi à Châteauroux, le tribunal civil procède à dix-huit rectifications d’erreurs de sexe dans des actes de naissance entre 1810 et 1859, onze entre 1860 et 1865, vingt-et-une entre 1866 et 1873 et quinze entre 1877 et 1885, sans que rien dans les jugements émis permette d’affirmer que certains cas concernaient des hermaphrodites (Tribunal civil de Châteauroux, arch. dép. Indre, 3u1/419 à 422).



Louisette, grande veuve, bois de justice, bascule à Charlot, ou monte-à-regret … quand la guillotine s’en mêle

Condamnation le 8/12/1828 à Auxerre d’Etienne B.

Etienne est né le 23 août 1807 dans un petit village de l’Yonne ; il est l’aîné d’une fratrie de 8 enfants.
Son père, Jean, né le 6 octobre 1779, est charpentier ; sa mère Marie M. est née vers 1787 et décédée lorsqu’il avait 15 ans, le dernier de la fratrie avait 4 ans. Le père ne semble pas s’être remarié. Etienne devient charpentier comme son père.
Il a 21 ans lorsqu’il tue son père d’un coup de fusil dans le bas-ventre. Selon la déclaration des témoins (tous deux voisins de la victime), le décès est mentionné à 17 heures en date du 5 septembre 1828. Etienne sera condamné à mort par le tribunal d’Auxerre le 8 décembre 1828 pour parricide. L’acte est expliqué par l’accusé qui ne supportait plus les remontrances paternelles sur son manque de travail.
Etienne sera guillotiné à Auxerre le 20 mars 1829 à midi. Il avait 22 ans.

Condamnation le 16/12/1854 à Auxerre de Madeleine M., épouse J. 40 ans, cultivatrice.

Jean J. est né le 7 mai 1805 dans un petit village de l’Yonne, le dernier d’une fratrie de 6 enfants. Il est bûcheron.
Le 16 novembre 1836, il épouse « Michèle » de 7 ans sa cadette. Ils vivent dans un hameau proche du village et de cette union naissent trois enfants : Jean le 20 août 1837, Alphonse le 31 décembre 1838, et Alexandrine le 7 mars 1845. Son épouse décède trois semaines après la naissance de la petite dernière.
Jean se remariera assez rapidement le 21 janvier 1846 avec la cousine du père de son épouse décédée. Les enfants sont alors respectivement âgés de 9 ans, 8 ans et 10 mois. Madeleine a 31 ans, elle est couturière, n’a jamais été mariée et pas d’enfant connu. La famille continue de vivre au hameau et le couple donne naissance à une petite Mélanie, le 2 juin 1853.

Mais le 20 octobre 1854, Madeleine tente d’empoisonner à l’arsenic son beau-fils Alphonse alors âgé de 15 ans.
Elle est également suspectée d’avoir causé la mort d’Alexandrine en s’abstenant de la soigner comme elle le devait. La petite fille, était alors âgée de 19 mois, soit 9 mois après le remariage de son père.
Enfin, le 22 octobre 1854, Madeleine parvient à fausser compagnie aux policiers et va incendier une chaumière voisine de la maison de son mari.

Madeleine sera condamnée à la peine de mort par le tribunal d’Auxerre le 16 décembre 1854, pour empoisonnement et incendie. Elle sera graciée le 20 janvier 1855. L’acte de mariage de sa fille Mélanie daté du 6 octobre 1875 indique que Madeleine est en détention.

Pour la petite histoire :

« Dans sa chronique des pays de l’Yonne, André Segaud nous narre deux petites histoires concernant la guillotine.
La première : en 1793, 15 personnes condamnées à être décapitées le seront, mais par effigies interposées ; les accusés étant en fuite, cachés ou émigrés, ce jour-là devant tout Auxerre ce sont 15 mannequins de paille qui furent décapités.
La deuxième, moins plaisante, concerne un certain Rouillard, condamné en 1841 à Auxerre à être décapité. Le bourreau dut s’y reprendre à 4 fois. La lame s’arrêtant toujours à 5 cm du cou du malheureux. La cinquième fut « la bonne » et la tête roula dans le panier, sous les huées de la foule, le bourreau dut démissionner. La ville d’Auxerre se débarrassa de sa guillotine, dont le bois servit, paraît-il, pour le chauffage. »

Des origines et des arbres

Les arbres de vie semblant symboliser la force de la vie et ses origines, quoi de plus étonnant que d’illustrer une généalogie de manière picturale sous la forme d’un arbre ?
Quelques peintres se sont approprié cette représentation.

La peinture la plus connue est sans doute la représentation de l’histoire des Etats-Unis au travers de « An American Family tree » peint par Norman Rockwell (1894-1978) en 1959, et conservé au Norman Rockwell museum de Stockbridge. Cet arbre a la particularité de faire figurer l’ancêtre à la base et le plus contemporain au sommet (symbole de gloire).

Marc Chagall (1887-1985) a repris le thème de l’arbre de Jessé, sous la forme d’un vitrail dans la Cathédrale de Reims en 1974, et dans la chapelle des Cordeliers à Sarrebourg en 1976. Il traduit l’origine de l’homme par la représentation d’Adam et Eve, qui apparaissent sous les traits du couple que l’on retrouve dans nombre de ses peintures.

Frida Kahlo (1907-1954) a représenté sa propre filiation.
Dans « Mis abuelos, mis Padres y yo » (1936), elle raconte sa généalogie en sept portraits. Au centre de la toile, Frida reproduit la photo de mariage de ses parents, prise en février 1898. Son père, Wilhelm, est né à Baden-Baden de parents juifs hongrois (Jakob Heinrich Kahlo et Henriette, née Kaufmann) émigrés en Allemagne. A 19 ans (en 1891), il traverse l’Atlantique et s’installe au Mexique où il sera photographe sous le nom de Guillermo Kahlo. La mère de Frida, Matilde Calderon y Gonzalez est née a Mexico d’un père d’origine indienne et d’une mère issue d’une famille de généraux espagnols. Frida, qui est la troisième des quatre filIes du couple, se représente sous les traits d’une fillette dans le patio de sa maison bleue de Coyoacan, maison natale construite par ses parents où elle vécut de 1929 a 1954.

Frida tient un long ruban qui assure l’unité de ses ancêtres, par-delà l’opposition de l’outre-mer, c’est-à-dire l’Europe, origine de la branche patemelle, et de la terre mexicaine, où sont ancrées les racines de la souche Calderon. Frida préfigure sa naissance en se représentant sous la forme d’un foetus qu’un autre ruban rouge, le cordon ombilical, relie aux entrailles de sa mère. Elle remonte jusqu’à sa conception, avec le motif de l’ovule pénétré par un spermatozoïde et, pendant botanique, la fécondation d’une fleur de cactus nopal, la plante nationale du Mexique.

Dans une autre peinture « Mi familia », commencée en 1949 au cours d’un long séjour à l’hôpital, Frida représente à nouveau sa filiation avec ses parents et grands-parents, ses soeurs, sa nièce et son neveu, mais certains visages ne sont pas terminés et le travail restera inachevé.

Généalogie de Charles Maurin, peintre-graveur

Charles Maurin, né Jean Baptiste Joseph Antonin Charles Maurin le 1er avril 1856 au Puy-en-Velay et mort le 18 juin 1914 à Grasse, est un peintre et graveur libertaire français.

Charles Maurin est l’élève de Jules Joseph Lefebvre et le maître de Félix Vallotton. Il reçoit le prix Crozatier le 9 novembre 1875, ce qui lui permet de venir étudier en 1877 à l’école des beaux-arts de Paris puis à l’Académie Julian, où il a enseigné par la suite. Il expose au Salon des artistes français de 1882 à 1890 et devient membre de la Société des artistes français en 1883. La même année, il expose avec Toulouse-Lautrec dont il croquera le portrait.
Anarchiste, il collabore au journal Les Temps nouveaux de Jean Grave, ainsi qu’à La Revue blanche. Il réalise le bois gravé de Ravachol entre les montants de la guillotine et plusieurs croquis de Louise Michel.

Reconnu comme ayant une personnalité marquée, Charles Maurin a pratiqué une variété de techniques et de styles.
Le dessin : il a écrit modestement « tout jeune, j’ai dessinaillé » alors qu’on lui attribuait un talent de « dessinateur très remarquable du mouvement et du caractère ».
La gravure : il a utilisé tous les genres de gravure disponibles en son temps : le bois de fil taillé au canif des graveurs d’autrefois, le burin sur cuivre, la pointe sèche sur zinc des toits imprimé en noir (technique qu’il a enseignée à Toulouse-Lautrec), inventeur du procédé « au sucre » qui permet d’ébaucher très librement l’encre de chine sucrée au pinceau sur métal nu, l’aquatinte, la lithographie classique.
Les peintures : portraitiste, il s’est intéressé aux recherches des néo-impressionnistes, a inventé le procédé de la peinture au vaporisateur, par-là même composé et décoré des étoffes (notamment une robe de scène de Sarah Bernhard au théâtre de la Renaissance), plus tard on le décrira comme un symboliste du réel pour son tableau Maternité.

Parce qu’il est important de ne pas léguer de l’oubli…

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